Le mois plus spécialement dédié à la mission s’achève et je ne peux réprimer, en étant à des milliers de kilomètre du Sacré-Cœur d’Avignon, mais au plus près de là où tout a commencé pour moi, ici au Cameroun, un sentiment de profonde gratitude.
Lorsqu’à la messe nous prions en disant « Souviens-toi Seigneur de ton Église répandue à travers le monde », nous nous référons à une réalité concrète. Nous redisons que L’église est missionnaire par nature, et que sa vocation est universelle.
Quelle émotion lorsque je vais au cimetière de mon village de naissance et que je peux prier sur les tombes des frères Bernard Marie et Michel Pichon, fondateurs de la léproserie de Dibamba ! Quelle émotion lorsque à l’entrée de la cathédrale de Douala, je peux me recueillir devant les caveaux des évêques, où reposent entre autres, Mgr le Mailloux, préfet Apostolique de Douala et Mgr Pierre Bonneau premier évêque de Douala. Nos terres y compris la terre de France, à diverses époques ont été arrosées et irriguées par les eaux vivifiantes de l’évangile, souvent grâce à des hommes et à des femmes venus de loin.
Dans la mesure toute modeste qui est la mienne, je m’identifie à ces missionnaires. Habitant dans le Vaucluse depuis 20 ans j’y suis devenu prêtre et j’exerce au nom de l’Eglise du Seigneur ce ministère dont il m’a jugé digne.
Nous sommes ainsi nombreux depuis des siècles, à avoir trouvé très loin de notre terroir une famille, des frères et des sœurs, des amis, une terre, un pays.
L’Église existe pour cela. Etre ce signe qui déjà maintenant annonce et accompli que l’humanité est une famille avec Dieu pour Père.
Le feu de l’Esprit Saint continue d’embraser le monde encore aujourd’hui, bien plus intensément que nous n’osons le croire. Dans l’humilité de nos petites communautés à l’abri des médias et dans des coins du monde qui n’intéressent personne, l’Esprit est à l’œuvre.
Il brûle dans le cœur de tant de personnes. A la Paroisse de Nebassel au cœur de la forêt équatoriale où les fidèles dès 5 heures du matin honorent la Mère du Rédempteur avant de participer à l’eucharistie, force indispensable pour le chrétien catholique où qu’il soit, pain quotidien qui rapproche de l’éternité en la rendant présent par anticipation.
Il est aussi à l’œuvre dans cette paroisse péri-urbaine de la capitale camerounaise Yaoundé, à Messamendongo. C’est dimanche et Ô surprise les chants de la messe sont en grégorien ! On croit se tromper de lieu et d’époque, mais ce n’est que l’Eglise qui dit quelque chose d’elle-même. Elle est UNE dans le temps et dans l’Espace. S’adaptant aux cultures, mais toujours la même, parce que Jésus-Christ qui en est la tête est le même hier aujourd’hui et à jamais.
C’est le même Esprit qui nous conduit au Sacré Cœur, il nous pousse à être plus missionnaire que jamais. A être une communauté disponible et ouverte sur le monde, qui n’hésite pas à se rapprocher des hommes et des femmes de notre temps pour leur proposer le repos en Dieu.
En contemplant l’Église qui se propose à l’humanité en rejoignant tous les peuples nous comprenons mieux qu’elle existe pour la mission.
Nous nous raffermissons ainsi dans cette Esperance qui ne déçoit pas. Nous continuons à cheminer ensemble dans la certitude de rejoindre au jour voulu par Dieu, la foule immense des Saints qui le célèbrent dans la joie sans fin. Nous espérons être comblé de sa gloire, tous ensemble et pour l’éternité. Nous sommes appelés à être TOUS...SAINT.
Chanoine Pascal Molemb Emock, curé